Mustang, ou "Je voulais faire du PF"

Il y a eu une époque lointaine où, dans les kiosques, on trouvait plein de petits formats BD avec du western, des tarzanides, du fantastique, du médiéval, etc. Sauf qu'à l'époque où j'ai eu l'âge d'acheter mes revues en kiosques, les petits formats avaient l'allure de trucs datés, surtout avec l'accroche "Mensuel pour la jeunesse" en page de sommaire. Bon, je dis ça, mais j'étais quand même curieux. Cela dit, les années 1990 ont été des années creuses pour le petit format : les lecteurs les délaissaient depuis plusieurs années au profit des albums librairies, les éditeurs n'y mettaient plus tellement de moyens et d'intérêt, et la nouveauté n'était pas vraiment là (je crois qu'il n'y a que la série Tex qui a continué d'avoir des inédits jusqu'en 2003). En fait, c'est à partir de l'arrivée de Thierry Mornet chez Semic (1999 ?) que la gamme a repris quelques couleurs, en accueillant des nouveaux artistes dans des "Créazones", et les nouvelles aventures de Zembla, faisant intervenir le personnage d'Ozark (plus vu depuis la période "Sup'héros" de Mustang... en 1981 !), avant de nouvelles aventures également pour Kabur.



Mais ce n'était qu'un début, car en février 2001, c'est avec plus d'ambition que débarque Fantask ! Format plus grand, avec du matériel italien (des inédits de Nathan Never), américain (les histoires courtes de Monkeyman & O'Brien par Arthur Adams), ancien (des extraits de Demain les monstres par Jean-Yves Mitton) et nouveau (Homicron, Fantask Force et Ozark). De quoi changer radicalement la face des Semic Pockets ! Oui, mais voilà, cette nouvelle formule de Fantask ne trouve pas son public, et après 3 numéros bimestriels, un quatrième sort en trimestriel (je l'ai acheté le 11 septembre 2001), et un dernier numéro, le cinquième, sortira en VPC (j'ai mis des années à le choper, et c'est grâce à Reed Man qu'il fait maintenant partie de sa collection) - en réalité, il sera compté comme "spécial", car un cinquième numéro de Fantask est bien sorti en kiosques, mais au format magazine, en couleurs, et sans BD (ça parlait d'Harry Potter).

Rage et déception, tous ces superbes projets se retrouvent le bec dans l'eau. Mais qu'à cela ne tienne, ce sont les Semic Pockets restants qui ouvrent leurs pages et en déploient de nouvelles pour accueillir toutes les nouveautés (même si on a perdu Nathan Never et Monkeyman & O'Brien dans la transition) ! C'est ainsi qu'en mars 2002, Mustang s'enrichit d'Ozark et de Wampus, les deux séries que je décide de suivre. Je découvre donc en même temps les italiens Zagor et Martin Mystère, le premier me gavant assez rapidement (le sidekick bedonnant n'y étant pas pour rien) malgré des idées sympathiques, le deuxième m'emballant réellement avec ses intrigues mystérieuses sur fond de faits ou d'énigmes historiques bien documentés. Un sommaire faisant la part belle au fantastique, aux mondes un peu mystérieux, ça éveille chez moi des envies d'être publié dans cette revue, y compris quand Wampus trouvera sa conclusion et sera remplacé par Dick Demon qui s'intègre thématiquement très bien au sommaire.

Mais arriva septembre 2003 et une terrible annonce : les éditions Bonelli, fournisseur de la plus grande partie du matériel italien des PF, confient leurs droits à un autre éditeur, mettant ainsi en péril l'équilibre économique des Semic Pockets, qui sont donc condamnés à disparaître en décembre 2003 avec des numéros riches en surprises. Non seulement certaines de mes revues régulières disparaissaient, mais d'un point de vue général, c'était aussi un espace de publication potentiel pour de nouveaux artistes qui partait.

Quelques années plus tard, le virus de la création m'a repris pour de bon, et au festival de Ligugé, en 2009, j'ai découvert le fanzine Mad Hatter, petit format noir et blanc bien sympa, et je me suis adressé à leur imprimeur pour faire un format semblable. Donc, quelque part, j'ai quand même fait du petit format... même si ce n'était pas dans Mustang.

J'ai une autre histoire avec Mustang que je garde pour plus tard, le temps que vous digériez.

Ho, intéressant.

La suite, maintenant.

Je n'ai jamais abandonné l'idée d'avoir une BD populaire dans le sens premier, c'est-à-dire une BD que chacun pourrait s'acheter, à un prix pas trop élevé, donc accessible. On m'avait fait remarquer, à l'époque, que j'étais plus cher que Grand Dédale, cela dit... Mais bon, 4,90€, ça me semble un prix correct.

Mais autre chose que je n'ai jamais lâché, c'est Mustang, et alors que je regardais la liste des parutions du passé qui n'ont jamais reparu, je me suis dit qu'il y avait peut-être un coup à jouer. Bon, apparemment, non, mais j'ai quand même ébauché une couverture, à l'époque (2011 ou 2012 ?).



Au fil du temps, j'ai vu qu'ACB (ou Dante ?) avait voulu reprendre aussi le titre Mustang. Pire, ils avaient même fait l'annonce avec une maquette de la couverture avant que quelqu'un vienne leur dire que non, le titre n'était pas disponible (ils ont changé en hâte pour Héros, sur lequel j'ai du mal à trouver des infos). Et il semblerait que Wanga aussi était intéressé.

Eh oui, ces dernières années (enfin, depuis le début du siècle), nous avons vu resurgir Fantask, Strange, Yuma, Spécial Strange (annulé), Strange, Etranges Aventures et Futura. Moi aussi, j'aurais bien envie de ressortir mon vieux titre, parfois.

Mai j'ai Forgotten Generation, et c'est très bien comme ça.

D'ailleurs, d'où vient ce titre ?

Mustang ou Forgotten Generation ? Le dernier vient d'un morceau de Rob Halford sorti en 2007 qui m'a marqué, et le premier était un petit format dédié au western avant de devenir la maison des sup'héros Lug et la dernière demeure de Martin Mystère en kiosques.

FG.
Merci. Le lien avec tes initiales est confidentiel ? Tu envisageais déjà une génération oubliée ?

J'avais proposé une liste à Sophie, et on s'est mis d'accord sur ce titre parce que c'est celui qui me plaisait le plus (en plus de porter mes initiales).

La génération oubliée dont je parlais à l'époque, c'était celle des auteurs inspirés par les comics. Car là où les médias parlaient d'une génération inspirée par les mangas et les mettaient en avaient, celle inspirée par les comics était invisible et méprisée.

C'est intéressant, merci !

Et pour être complet, je voyais bien cette génération oubliée sur le forum de La Tour Des Héros, qui s'illustrait dans le style de leurs dessinateurs préférés (voire plus personnel), mais végétait dans le fan art malgré des idées intéressantes, parce que le fanzinat comics était réduit comme peau de chagrin dans cette époque de transition. J'ai donc décidé de créer mon propre zine en invitant les jeunes gens à proposer quelque chose de personnel afin qu'ils s'épanouissent. J'ai été suivi à partir du moment où j'ai exposé le projet avec Sophie sur LTDH, puis ça a pris de l'ampleur, et le reste fait partie de l'Histoire. Il y a des jours où c'est pas facile, mais je suis content d'avoir entrepris cette aventure.

On dépasse le sujet autobiographique, là, mais ça reste lié aux fumetti.

Il y a quelques mois, j'ai acheté d'occasion le premier tome de Diabolik l'âge d'or. Cette réédition colorisée commence à l'épisode 100, et m'a confirmé quelque chose que les premiers travaux de Milo Manara m'avaient suggéré : la mise en page est généralement composée de deux grandes vignettes (parfois, la deuxième peut être divisée en deux).




Si vous vous êtes toujours demandé comment les italiens arrivaient à produire 120 pages toutes les deux semaines, voilà un début de réponse. Bon, il y a aussi le fait que les dessins étaient en trois étapes par au moins trois personnes différentes : crayonné, encrage, et tramage. Le tout était en plus dessiné sur un format assez petit à destination d'un format encore plus petit.

Et bien voilà, je dois dire que cette façon de faire de la BD m'inspire. Je ne suis pas tellement à l'aise avec des petits dessins, alors je me verrais bien tester le schéma italien. Pour quelle histoire ? J'en sais encore rien. De toute façon, ça passera après les projets en cours, et quand j'aurai une bonne idée pour expérimenter le format.

Dans un univers parallèle...